Cerveau et négation par Marie-Christine Clerc : Différence entre versions

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Même s’il ne suffit pas de nier pour penser, loin de là.
 
Même s’il ne suffit pas de nier pour penser, loin de là.
  
Marie-Christine Clerc est coach, praticien narratif, enseignante certifiée en PNL, Co-auteur de : ''Comprendre et pratiquer l’approche nar- rative'', aux éditions Dunod.
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Marie-Christine Clerc est coach, praticien narratif, enseignante certifiée en PNL, Co-auteur de : ''Comprendre et pratiquer l’approche narrative'', aux éditions Dunod.
  
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Version du 23 mai 2020 à 10:16

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Par Marie-Christine Clerc, publié dans la revue de NLPNL, Métaphore - DÉCEMBRE 2017 - n° 87 • p 4 et 5.

Dans le cadre d’une clarification d’objectif, un des critères de bonne formulation veut que son expression syntaxique soit positive: « je veux... » plutôt que « je ne veux pas... ». Le bien-fondé de la préférence pour ce mode syntaxique n’est plus à démontrer. Cependant une sur-généralisation et une confusion sont parfois lues ou entendues : « Il ne faut pas s’exprimer négativement car le cerveau ne comprend pas la négation »<refire>Voir aussi A. Thiry, Le bêtisier des Pnlistes, Interactif, 2012.</ref>.

Ce raccourci erroné est induit par le célèbre test pédagogique : « Fermez les yeux, et ne pensez pas à un petit chat jaune à pois rouges ». Effectivement, pour nous représenter cette phrase négative, nous nous faisons une image du chat en question. Non pas parce que le cerveau ne comprendrait pas ce qu’on lui dit, mais simplement parce qu’il n’y a pas d’image négative, que ce soit dans le cerveau ou dans les arts graphiques. La négation n’existe qu’en langue, pas dans les images, pour lesquelles nous devons rajouter d’autres signes: une légende, un commentaire, les barrer d’une croix, etc. Un lm ou une photo contre toute forme de guerre, de mal ou de violence montre la guerre, le mal et la violence, car l’image n’a qu’un mode « voici ».

Pourtant aucun enfant au monde n’a jamais crucifié un copain dans la cour de récréation après qu’on lui ait raconté la mort du Christ.

La vie et la pensée de tous les jours...

Le cerveau comprend parfaitement la négation, c’est même essentiellement sur ce mode que s’apprennent la vie en société, la morale, la loi. Plus étrange, l’enfant découvre sa pensée, son autonomie et son pouvoir avec l’usage de la négation. Et avec quel plaisir! Il a fait aussi l’expérience du « non » – par-delà la signification du mot – très tôt, ce qui lui a donné repères et sécurité. Dans la vie courante, beaucoup de nos désirs ou besoins ne peuvent que se dire ainsi: la phrase «non merci je ne veux plus de vin» ou «je ne veux pas de chat » ou « je ne pourrai pas venir ce week-end » se suffit à elle-même pour être exécutée de façon efficace et être comprise par tous. Et d’ailleurs cela pourrait-il se dire autrement ?

« Il n’y a plus de café dans le placard » est suffisamment motivant pour penser à en racheter. C’est aussi l’efficacité des stratégies missmatching et « s’éloigner de, éviter de » tout autant motivantes, sinon plus pour certains d’entre nous en contexte, que la pensée « positive ». Le « désaccordage » est un métaprogramme précieux dans beaucoup de situations, comme les activités du contrôle, de la sécurité, de la qualité, de la comptabilité, du soin, etc.

La communication ericksonienne utilise l’antiphrase pour faire entendre le contraire de ce qui est dit : « si vous n’êtes pas encore sur le point de lâcher prise... » C’est que la langue elle-même a prévu une variété riche d’expressions de la négation, logique ou grammaticale : par exemple, comment exprimer la fausseté d’une proposition sans la négation? Ou comment exprimer le doute, la distinction, le rejet, la dénégation, la non-existence, la polarité, la contradiction, etc., sans la négation ? Que serait la capacité d’expression et d’argumentation ?

... et le cadre d’objectif

Pourtant même dans la vie de tous les jours, la simple psychologie et les règles de bienveillance nous feront préférer « pense à prendre tes baskets » plutôt que « n’oublie pas tes baskets... ». Encore que... c’est sans doute la représentation des baskets qui se présentera à l’esprit sachant que « oublier » n’a pas d’image !

Si les conditions de bonne formulation d’un objectif obéissent à des critères spécifiques, c’est une question de contexte, de cadre et de stratégie. Précaution prise de suivre son client et de d’abord « missmatcher » avec lui quand nécessaire, on sait la force de l’expression positive d’un objectif. En résumé : associer les images d’un objectif atteint (avec tout le VAKOG pour le faire vivre) à une motivation forte et une verbalisation positive est facilitateur de l’atteinte de cet objectif. Ainsi le cerveau se représente aisément l’action ou le résultat en question ; parler positif modi e notre façon de voir et d’agir, créé un contexte de changement avec des attentes positives ; le temps présent ou futur, les mots à connotation positive, ceux exprimant la certitude plutôt que l’éventualité ou la condition, développent la confiance dans la réalisation d’une action et l’atteinte d’un but. Conduire une personne vers l’autonomie et le choix personnel, l’amener à bouger son curseur de « éviter de » à « aller vers » concentre l’attention et l’intention sur ce qu’elle souhaite plutôt que sur le problème. Toutes ces précautions langagières favorisent l’émergence de solutions et installent un apprentissage mental qui engage la réussite future concrète de l’objectif.

Les recherches en neuro-imagerie montrent également que le réseau neuronal impliqué par l’introspection et la référence interne entre en chevauchement avec d’autres zones (celles de la compréhension d’autrui et de soi-même), ce qui pourrait suggérer que le dispositif de la clarification d’objectif soit aussi un élément clé dans la prise de recul sur soi. (voir l’article d’Anne-Laure Nouvion[1]).

« Penser c’est dire non ! »

L’aphorisme peut alors sembler naïf ou réducteur, en tout cas très peu spécifique: car « non » à qui, à quoi? « au monde, au tyran, au prêcheur » répond d’abord le philosophe Alain. Au monde, cela ferait beaucoup sauf à entendre par là le monde des apparences, de la doxa, des perceptions sensibles avec « ses perspectives et ses brouillards ». Le tyran évoque le monde politique et ses injustices ; le prêcheur celui des bonnes paroles, de la fausse morale et des valeurs manipulées (ou pas).

Mais Alain réfute lui-même ses trois hypothèses. Dire non n’est pas le fait de la pensée naïve, rebelle, ou romantique en opposition au monde et aux autres : c’est à soi-même que l’on doit ce non. Le monde sensible me trompe parce que je le laisse me tromper, je dis oui aux représentations que je n’ai pas examinées, et j’en suis responsable. Il propose au penseur de se dissocier de ses propres pensées, de les observer et de les interroger, leur répondre et les réfuter.

Penser n’est pas matcher avec nos croyances scientistes (« dire oui c’est dormir » dit-il aussi), mais prendre du recul sur soi, penser contre soi-même mais avec les autres ; c’est la pensée qui se refuse à sa propre complaisance. C’est un non autocritique qui nous libère de nos peurs, engage à l’action et permet de revenir dans le monde pour y retisser du lien. « Je dois dire oui seulement aux représentations dont je suis sûr qu’elles sont vraies », dit-il : en pnlistes, remplaçons « vraies » par « aidantes » ou « observables ».

Y a-t-il un monde du tout ou rien ?

« Il ne faut pas s’exprimer par la négation car le cerveau ne comprend pas la négation » est l’énoncé paradoxal d’un paradoxe, qui contredit ce qu’il dénonce en le disant.

Ce n’est ni un des postulats de la PNL, ni un présupposé, ni bien sûr un fait observé. Par-delà les vertus avérées d’une syntaxe positive dans le cadre d’un travail de clarification d’objectif, pensons aussi à celles du pouvoir de dire non, pour nous-mêmes et pour nos clients : non au management par le stress, à l’oubli des sentiments, des valeurs et du respect de soi, non au formatage, au suivisme, au consentement ou au pouvoir tyrannique, aux faux-semblants, et à nos représentations de surface. La négation sert utilement à introduire du doute dans la croyance en l’existence de notre problème, ou dans la prédiction de son inéluctable arrivée future : « et si demain la pluie ne tombait pas... »

Même s’il ne suffit pas de nier pour penser, loin de là.

Marie-Christine Clerc est coach, praticien narratif, enseignante certifiée en PNL, Co-auteur de : Comprendre et pratiquer l’approche narrative, aux éditions Dunod.

  1. http://www.institut-repere.com/Programmation-Neuro-linguis- tique/coaching-pnl-et-neurosciences-les-fondements-scienti ques- du-cadre-objectif.html